Les tricolores Thom Giquel et Delphine Delrue remportent pour la première fois pour la France un tournoi Super 300, en Suisse. Magique !
A l'adage "jamais deux sans trois", Thom Gicquel et Delphine Delrue ont fait un magnifique pied de nez. A leur image. Avec l'impertinence de leur 22 ans. La fougue d'un badminton nouveau genre, tout attaque. Le talent incontestable de ce duo d'exception. Ce faisant, ils entrent dans l'histoire du badminton français. Encore une fois. Mais cette fois-ci, avec une breloque en or autour du cou, pour la plus belle performance de leur jeune carrière : jusque là, ils n'avaient remporter qu'un tournoi de statut "Super 100", à Orléans. Ici, à Bâle, il s'agit d'un statut de tournoi supérieur, faisant partie du très select "BWF HSBC World Tour". Et après deux finales perdues sur ce type de compétitions, les voilà qui s'imposent et montent enfin sur la plus haute marche du podium.
La finale n'a pourtant pas été de tout repos - ni répis. Pis encore, le premier set fut une course au rattrapage, les tricolores ayant été menés au score tout au long de la manche - à part le premier point. A 19/16 pour les Danois - par ailleurs très affutés et précis - on voit Thom et Delphine mal embarqués, comme parfois lors d'entrées de match. Que nenni. Les deux Français remontent tranquillement, mobilisés comme jamais. Delphine Delrue fait un rush au filet sur le mollet de Mathias Christensen à 19/19 pour faire repasser les tricolores devant, avant que ce dernier ne smash dans le filet, donnant aux Bleus un avantage inespéré quelques minutes auparavant. 21-19. Ouf !
Le deuxième set, une nouvelle fois, voit les Scandinaves prendre l'ascendant en début de manche. 11-4. Mais la machine se remet en marche progressivement côté Thom et Delphine. Qui grappillent point après point, avec leur rituel habituel après chaque échange : on se parle, on se regarde, on s'encourage, et on se tape dans la main. Une fois, voire plus. La complicité fait bloc. Les adversaires commencent à montrer des signes de doutes, d'approximation dans le jeu. Christensen notamment, qui vendange quelques attaques. A 16/16, les Bleus accélèrent et reprennent l'avantage dans les échanges et passent devant, jusqu'à mener 20/17. Trois volants de match. Deux sont sauvés par les Danois, dont un échange magnifique où les deux tricolores finissent à genoux. Ceux de Thom se mettent à saigner - le médecin intervient pour une pause obligatoire. Thom se fait soigner, gardant le reste de son corps en mouvement, pour ne pas perdre le rythme du match, intense. La rencontre reprend - quelques instants seulement : 4 coups de raquettes précisément, dont un excellent retour de Delphine Delrue sur le service de Christensen et une attaque de Thom dans la foulée. La défense du Danois finit dans le filet. La messe est dite. Les volants sont jetés. Les Français exultent et se retournent vers leur entraîneur, Baptiste Carême.
"On a pas très bien joués aujourd'hui, mais on a assuré l'essentiel en gagnant. On est vraiment heureux" expliquait Thom à Badminton Europe sitôt la médaille reçue. "On a surtout gagné mentalement. On a eu des hauts et des bas, mais on a mieux géré le match que nos adversaires. Même en jouant vraiment mal en début de deuxième set, on pensait quand même qu'on pouvait remonter - on peut être fiers de cela. On avait perdu deux fois en finale d'un Super 300 et on voulait vraiment gagner aujourd'hui. Maintenant, on vise les Super 500, voire plus" lançait Delphine Delrue. "-Peut-être plus" répondait alors du tac au tac Thom Giquel avec un large sourire...
C'est une première victoire tricolore sur un tel tournoi. 7000 points pour la qualification pour les Jeux Olympiques, 11 000 US$ à se partager (moins les taxes). Mais l'essentiel est ailleurs. Thom et Delphine continuent d'enfoncer des portes et rêvent forcément plus grand. Après avoir battu les meilleures paires mondiales (hors Chinois) voilà qu'ils montent désormais sur des marches de podium qu'on imaginaient encore inatteignables il y a peu. Le rêve d'une médaille olympique - A Tokyo dans quelques mois ou à Paris dans 3 ans - n'est plus si fou...
Photos (en direct) : Uwe Zinke / Badmintonphoto
(contacter l'agence Badmintonphoto si besoin de les utiliser)
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