Léa Palermo et Julien Maio ont déjoué tous les pronostics. Et se sont offert une magnifique place en demi finale en sortant les Irlandais Chloe et Sam Magee en deux manches, 21-15, 21-15. En jouant bien. Très bien, même. Avec cette hargne sans jamais manquer de fair-play. Avec ces volants juste. Avec beaucoup d'énergie, d'agressivité sur le volant. Avec des attaques bien senties de Julien Maio en très grande forme, auteur de multiples plongeons, et une présence au filet tout en finesse et en efficacité de la part de Léa Palermo. Ces deux là s'entendent bien, c'est une évidence, et leur désir de devenir partenaires sur le court comme a la ville a trouvé ce soir tout son sens. Ils démontrent avec brio que leurs deux premières victoires face à des paires françaises n'étaient pas fortuites, bien au contraire. En battant les Irlandais, loin d'être maladroits - leurs médailles de bronze sur les grands championnats Européens en attestent -, Léa et Julien ont bousculé l'une des meilleures paires européennes depuis une dizaine d'années.
Demain, au autre test les attend, avec les Adcock comme adversaires. Ces derniers sont bien dans leurs baskets et se méfieront de cette nouvelle paire française, qui fait ses débuts ici à Odense. Et qui, pour une première, s'offre une demi finale sur un tournoi majeur - même si, encore une fois, le niveau n'est pas à la hauteur des tableaux traditionnels. Les Français ont hérité d'un tirage très favorable, mais en ont parfaitement profité. Thom et Delphine sont prévenus, un nouveau mixte va venir les chatouiller à l'entrainement - voire plus. C'est en tous cas une excellente nouvelle pour le badminton tricolore, qui se retrouve ainsi sous les projecteurs alors que la planète entière à les yeux rivés sur cet Open du Danemark, synonyme de reprise d'un sport en berne jusque là.
La mauvaise nouvelle, c'est qu'une nouvelle fois, les Bleus évolueront sur un court annexe, non retransmis à la télévision ou sur internet - un des deux seuls sur les 10 demi-finales de demain.
Les autres matchs des tricolores ont vu leurs adversaires l'emporter, mais il faudra noter la remarquable performance des frères Popov face aux médaillés de Bronze de Rio, Chris Langridge et Marcus Ellis, qui ont dit avoir été surpris par la qualité de jeu des deux frangins après leur victoire 21-19, 21-17. Fabien Delrue et William Villeger ont quant à eux joué un bon badminton, mais pas assez pour battre les jeunes Danois Kjaer/Eipe. 18-21 dans les deux sets, avec sans doute un sentiment d'inachevé. En revanche, Anne Tran et Emilie Lefel n'ont pas réussi a élever leur niveau de jeu à celui des "Sisters" Stoeva, impériales, qui remportent leur 9ème confrontation consécutive, sur le score sans appel de 21-5, 21-8
Moment émotionnel avec le départ de Jan Jorgensen
Tout le Danemark attendait ce quart de finale avec appréhension - le dernier, sans doute, de leur star locale Jan O Jorgensen, qui, après plus de 15 ans au firmament du badminton mondial, avait annoncé tirer sa révérence. Affrontant son jeune compatriote Anders Antonsen, il était écrit que cette confrontation serait la dernière. On ne retiendra pas le score - anecdotique - mais plutôt le respect montré au jeune prodige à son ainé, qui a fondu en larmes devant un public clairsemé mais chaleureux. Jorgensen a ensuite été invité sur le plateau de la télévision danoise où des messages des joueurs du monde entier sont venus lui souhaiter une belle retraite - de quoi le rendre plus nostalgigue encore. Un vrai beau moment d'émotion en tous cas pour tous les présents à l'Ideaspark d'Odense en ce vendredi soir automnal.
Ce samedi, le sport reprend ses droits, avec des demi-finales parfois peu équilibrées, mais parfois particulièrement appétissantes, comme le duel à venir entre Antonsen, justement, et Chou Tien Chen. Rasmus Gemke et Kenta Nishimoto s'affronteront dans l'autre demi finale. En simple dame, Carolina Marin ne devrait pas avoir beaucoup de difficultés face à la jeune Allemande Yvonne Li, alors que l'autre demi est plus ouverte entre Michelle Li, la Canadienne, et Nozomi Okuhra, même si une finale entre l'Ibère et la Japonaise est attendue.
Photos : Yohan Nonotte et Raphael Sachetat
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