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Photo du rédacteurPaul Abran

Florent Chayet : « Pas de remboursement des licences »

Depuis trois mois, le sport est à l'arrêt. La saison de badminton est terminée et les 190 000 licenciés ne savent toujours pas quand les clubs rouvriront leurs portes. Un remboursement des licences est-il alors envisageable ? Florent Chayet, président de la FFBAD, explique à Badzine pourquoi cela ne sera pas le cas.


« Pouvons-nous nous faire rembourser une partie des licences ? ». « Y aura-t'il une compensation financière la saison prochaine ? » Alors que les (presque) 2 000 clubs de badminton ont fermé leurs portes il y a trois mois désormais, de nombreux licenciés se posent des questions quant à leur licence. Contacté par Badzine, le Président de la Fédération Française de badminton leur répond.


« La Fédération Française de Badminton et toutes les fédérations olympiques sont unanimes : il n'y aura aucun remboursement des licences », explique Florent Chayet. Le Président de la FFBad, lui-même joueur de badminton et licencié dans l'un des clubs affiliés à l'instance fédérale, partage la frustration des joueurs qui n'ont pas pu aller au bout de la saison, mais explique qu'il faut arriver à passer au delà de cette frustration pour le bien commun : « Les licenciés doivent comprendre que la licence est un apport qu'ils font à une structure qui continue de travailler malgré les mesures qui impactent la pratique sportive aujourd'hui »,


« Le premier réflexe doit être de se serrer les coudes »


Ainsi, Florent Chayet précise qu'à ce titre, « Il n'y aura pas de remboursement de la partie fédérale. » Quid de la cotisation versée au club ? Celle-ci peut faire l'objet d'un remboursement si et seulement si le club en décide ainsi. « La Fédération n'a pas d'ordre à donner aux clubs », commente le président. Libre à eux, donc, de répondre favorablement ou non aux demandes de remboursement de leurs membres. Avec une précision importante, tout de même : les difficultés économiques auxquelles font face les clubs de badminton, au même titre que les clubs de toutes autres disciplines sportives, sont telles que la Fédération encourage les licenciés à faire "cause commune avec leur club respectif" comme le dit Florent Chayet. «Les licenciés, les clubs et la Fédération sont tous victimes de cette situation, personne n'est responsable. Le premier réflexe doit être de se serrer les coudes. »


Même réponse concernant les licences de la saison prochaine : le président de la fédération indique qu'il n'y aura aucune « remise » sur la part fédérale des licences. « Nous allons sûrement voir le nombre de licenciés baisser la rentrée prochaine, il est donc important d'aider les clubs à passer ce cap difficile. Nous allons insister à la rentrée et dire à nos licenciés qu'on a besoin de leur soutien » : la Fédération elle aussi a perdu des recettes et doit faire des économies.


Initiative gouvernementale « Soutiens ton club »


C'est dans cette même perspective d'aider les associations sportives en grande difficulté, que la Ministre des Sports a annoncé tout récemment une mesure exceptionnelle : « Soutiens ton club » (.https://www.soutienstonclub.fr/). Certains athlètes, comme Brice Leverdez, ont d'ailleurs fait un appel en ce sens pour inciter les sportifs à faire des dons (défiscalisés à hauteur de 66 % dans la limite de 20% des revenus annuels) qui peuvent être reversés directement au club de leur choix pour 85 % du montant. Les 15 % étant répartis entre les frais administratifs inhérents à cette opération d'envergure (5 %) alors que les 10 % restant seront versés à un fonds de soutien aux structures associatives sportives en grande difficulté - notamment dans les départements où les membres des clubs n'ont pas les moyens financiers d'aider leurs clubs.


Une idée louable, même si le statut associatif des clubs donne déjà ce droit de défiscalisation. Il est vrai qu'en passant par l'action gouvernementale, c 'est une partie du travail administratif pour les clubs qui disparaît puisque ces derniers n'auront alors pas à s'occuper des reçus fiscaux. A savoir cependant qu'il faut que le club lui même s'inscrive sur la plate-forme pour bénéficier de cette mesure - au jour de parution, seules 18 structures de badminton étaient disponibles en ligne sur le site officiel.


L'heure est donc à la solidarité entre les licenciés - privés d'action, certes - et leurs clubs, ces structures associatives et sans but lucratif, qui auront besoin de finances pour faire redémarrer la saison, payer les entraîneurs, les volants, voire les salariés. Demander un remboursement au club pourrait donc insidieusement mettre en danger, dans certains cas, la reprise de l'activité. A chacun de réfléchir et d'adapter ses demandes en fonction de la structure d'accueil. Certaines de ces dernières ont par ailleurs d'ores et déjà annoncé qu'elles feraient un geste financier pour la cotisation du club pour la saison prochaine - c'est le cas du club de Créteil (94) par exemple. La solidarité va donc dans les deux sens, si le budget le permet.


D'ici là, la réouverture des clubs est toujours en suspend. Certaines rares structures ont rouvert de manière exceptionnelle sur décision du Maire pour permettre à quelques joueurs de l'élite de commencer à s’entraîner - comme c'est le cas à Ecouen où Delphine et Fabien Delrue ont pu fouler les courts quelques minutes. Pour le reste, il faudra attendre encore un peu pour en savoir plus - le 2 juin, déjà pour les prochaines mesures annoncées. « Nous ne savons pas, nous espérons que les clubs pourront de nouveau accueillir leurs licenciés dès que possible. » reprend le président.

 

Photo : Badmintonphoto (archives).

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